Eden Date d'inscription : 03/02/2023 Messages : 18 |
L'orgueil est un péché qui coute cherTian & EdenCombien de temps s’était écoulé depuis sa fuite de ce monde de ténèbres ? Ses créatures monstrueuses qui avaient salies son corps, meurtries son âme et qui ne vivait plus que par esprit de vengeance. L’impression de tomber dans le vide d’un abysse qui ne connaitrait plus jamais de fin, était une réalité qu’il acceptait désormais comme une fatalité. Chacune des blessures qui le couvraient décuplait sa rage. Masqué sous ses sourires et sa légèreté qui le rendait si abordable. Si facile d’accès. Pauvre naïf. Jamais plus, ne pourra-t-il accepter de croiser un humain, sans chercher à le nuire. Il n’était plus qu’un esprit errant, jamais apaisé, jamais assouvis, qui se nourrirait de la souffrance des hommes. Mais son utopie finirait par s’éteindre, alors même qu’il devait se faire une raison ; jamais ne parviendrait-on à se débarrasser des cafards. Les nuisibles étaient coriaces, résistants et se multipliant aussi rapidement qu’une garenne de lapin. Tendit que sa race faiblissait et survivait tant bien que mal. L’extinction ou l’esclavage. Enchainé dans le noir complet. Ensanglanté malgré ses supplications… qui diraient avoir foi en la vie ? pire, avoir foi en une humanité qui tolérait de tel vice ? Il s’était juré ne jamais plus s’en approcher, à l’exception que de les observer en une agonie qui semblait loin d’arriver… et pourtant, la raison avait dû faire son chemin. Lente mais éclairée, à jamais dépendant des humains pour pouvoir vivre. Malédiction. Une liberté éphémère. Ses promesses mises à mal ; celle de ne plus mettre une patte dans ce monde écœurant, il s’était résolu à contre-cœur retourner auprès de ses bourreaux… Mais plus question d’être à nouveau leur victime. Il serait leur ennemi. Celui qui, derrière ses sourires aguicheurs, n’espérait que leur mort lente, lente et douloureuse. Persuadé d’être prêt à les affronter à nouveau, le goupil, serviteur de la malice, chapardeur invétéré des villes, sortit du bois pour chercher sa pitance. Fort présomptueux et constatant ses efforts payants, il gagna en confiance, au risque de se bruler les ailes. S’il était de la famille des canidés, il n’avait rien avoir avec ses chiens en rut d’humain, qui bavaient sous ses douces paroles caressant leurs esprits mal tourné, tandis que sa main n’effleure leur pantalon. C’était sa limite. Après ça, ses longs doigts se refermaient sur l’objet de ses convoitises. N’importe quoi, qui pourrait lui rapporter un peu d’argent. Mais l’orgueil est un péché qui ne pardonnait pas. Croire en son bon droit en attisant la haine, n’engendrerait qu’une chute chaotique pour le renard aveuglé par les ressentiments. Même en choisissant avec soin l’Aurore comme complice de ses méfaits. Se déplacer dans la pénombre avec l’aisance de sa race ne suffisait pas toujours à duper les hommes. Ils ne possédaient pas la ruse du renard mais ils étaient nombreux, vicieux… et armée. Il n’a fallu qu’une créature supplémentaire pour le mettre en échec. Rapidité et furtivité ne purent que s’incliner, face à l’arme qui s’était abattu sur sa chair. Une impression de déjà-vu, surement. Du liquide poisseux ruissellerait sur son épaule et dans son dos, tendit qu’une seconde balafre semblait avoir trouvé sa source sur son crâne. Sonné, aveuglé par le sang qui s’écoulait jusqu’à son visage, il n’avait pu que gronder, impuissant, quand le collier-étrangleur s’était serré autour de son cou. Il se débattit avec tant de véhémence que le résultat n’en fut que plus douloureux. La chaîne compressa d’avantage sa trachée, dont la respiration douloureuse, peinait à trouver l’air qu’il tentait d’inspirer. Un hybride acculé, est un hybride qui mordait jusqu’au sang, qu’importait sa docilité. C’est ce qui, une fois de plus, contraignit ses assaillants à lâcher leur emprise sur Eden, qui, chancelant, comme un animal blessé, fit volte-face en crachant le sang absolument dégoutant de son agresseur qu’il avait saisi entre ses crocs. Son regard n’exprimait rien, luttant toujours pour calmer sa respiration se faisant brûlante. Mais il ne ressentait plus rien. Tant dans la douleur physique que son cœur qui semblait figé dans sa poitrine. Et pourtant, dressé face à ses ennemis, il continuait de battre avec ardeur auquel cas il aurait déjà cédé en s’écroulant à leur pied. Après cet ultime regard jeté en prenant soin de leur transmettre son mépris, il esquissa un sourire lumineux, contrastant avec sa condition et ses pensées lugubres. C’est ainsi que… sa destinée lui souffla qu’il ne pouvait mourir ici. Malgré les entailles béantes et le collier, toujours fermement attaché autour de son cou, il parvint à battre en retraite pour se faire happer par l’obscurité de la nuit naissante. Mais jusqu’où pouvoir s’échapper, alors même qu’il semait des indices sur son sillage ? Les traces de sang n’était pas invisible et trahissaient ses pas. S’il ne s’était agi que de ses blessures, peut-être aurait-il pu rejoindre les bois pour s’y tapir mais le souffle lui manquait et commençait à obstruer ses poumons et sa vue… se brouillait. Il se soutint contre le mur d’un bâtiment, avant de se forcer à avancer. S’il s’arrêtait ici, en pleins milieux de l’Enfer… il mourrait. Le renard continua tant bien que mal sa route en cheminant de ci et de là. Jusqu’à ralentir… encore, puis s’arrêter. Si tu t’arrêtes, la mort te rattrapera. Finit l’orgueil, cependant… même sa fierté de côté pour s’avouer vaincu… il ne pourrait aller plus loin. Le collier l’oppressait toujours, malgré ses tentatives de l’enlever. Evidemment qu’il avait tenté mais ses forces n’étaient pas suffisante pour le retirer. Misère. A nouveau soutenu par le mur d’une bâtisse, encore debout par miracle surement, il tenta d’inspirer encore une fois. Pas suffisamment, hélas pour continuer. Ni même soutenir son poids. Il tenta une derrière fois, mais se fut le pas de trop, le contraignant à tomber à genoux. S’il ne pouvait toujours pas se mouvoir, il resta conscient, pour le moment, rabattant ses oreilles vers l’arrière, tentant de calmer son cœur pour tenter plus posément d’enlever ce fichu collier mais… rien a faire, il n’arrivait pas à l’enlever. C’est très précisément à ce moment-là, que la fourrure de sa queue rousse s’était hérissée en constatant par son flaire que quelqu’un se dirigeait en sa direction. L’avait-on retrouvé si vite ? Nouvelle tentative de se redresser… infructueuse, tandis qu’il poussait un soupire las. S’il était repéré, il ne pouvait plus se défendre cette fois-ci. Et peut-être que sa chance l’avait abandonné pour de bon. En avait-il vraiment eu, cependant un jour dans sa vie ? Ou avait-il attraper la maladie du chat noir à sa naissance ? Qu’importait les raisons, il n’avait plus la possibilité de fuir. |
Jeu 16 Fév - 14:58 |
Tian Meng Date d'inscription : 02/02/2023 Messages : 18 Emploi/Caste : Gérant d'une fumerie d'opium |
l'horreur est une chose humaineun mal larvé dans le cœurAu crépuscule, à l'heure où l'on allume les lanternes ; il faut bien montrer la route aux désespérés, çà et là. La petite employée, hissée sur la pointe des pieds, contourne la bâtisse en chantonnant quelque chose, un air d'ici. Elle aurait pu ne pas le voir, ce petit être mordant la poussière – elle se tait, pourtant, court à l'intérieur de la fumerie. Bientôt, c'est le maître des lieux qui passe la petite porte des employés et s'avance, un grand drap à la main. Elle s'en est retournée à sa tâche, nerveuse, lançant des regards tout autour ; la pierre lumineuse tombe dans la boule de papier. Quelques collègues, l’air de rien, sortent avec des seaux d’eau, arrosant les murs et les pavés marqués de rouge – il faut refroidir la piste. Le gamin s’agite, dans des râles et efforts qui tirent un soupir – alors il s’accroupit face à lui, jetant le drap pour l’envelopper, de la tête aux pieds. Il faut bien cacher sa nature aux yeux trop curieux, ces passants qui rasent les murs, ralentissent devant ce spectacle. Les employés autour, s’évertuent à être bruyants, à rire et faire s’entrechoquer leur matériel ; ils brossent le mur, effacent la marque de doigts poisseuse, qui ferait bien mauvaise presse, autrement. – Je t’avais bien dit que c’était trop fort pour toi. Tu es trop entêté, regarde-toi : tu t’es même ouvert le crâne en tombant. Il ne parle pas si fort, au fond ; une petite mascarade, qui fera rire celui qui tend l’oreille – les gens sont si imprudents, c’est bien vrai : l’opium, ce n’est pas pour les freluquets, c’est un vrai truc d’homme, après tout. Il se saisit du bras du garçon, essayant tant bien que mal de le relever – c’est qu’il doit être bien sonné, après une telle chute. Il le tire, hisse son bras sur ses épaules, grimaçant face au poids à moitié mort. - Tu peux marcher, juste quelques mètres ? il faut te remettre un peu sur pieds, on peut s’en occuper, ici. Enfin, à peu près. Il se doit de garder l’esprit clair, seulement ; peut-être commet-il une grande erreur, à recueillir ce gamin, qu’on viendra vite lui demander des comptes. C’est une histoire de superstition, au fond, qu’il n’admettra pas – laisser mourir un renard devant chez soi, ce serait s’exposer à trop de malheurs, dont il n’avait nullement besoin. Que d’ennuis qui se profilent, en somme ; pourvu que le grand blessé puisse vite repartir, la fleur au fusil, et ne jamais revenir. |
Ven 17 Fév - 16:28 |
Eden Date d'inscription : 03/02/2023 Messages : 18 |
L'orgueil est un péché qui coute cherTian & EdenLe brouillard complet. Sa vue troublée par un voile terrifiant, tendit que des images défilaient sous ses paupières… un passé qui ne lui laissait aucun répit, alors même aveugler par un manque cruel d’oxygène qui comptait le torturer jusqu’en Enfer où il finirait sa route, Bien trop précocement, cependant, mais que pouvait-il faire à présent ? Un hybride libre ne recevait aucune pitié. Sa main droite avait tenté d’essuyer le sang de son visage pour y voir plus clair mais tout était si sombre. Aussi obscur que son cœur gonflé par la rancœur et la haine. Mais son âme n’avait quitté son enveloppe puisque ses autres sens semblaient fonctionner miraculeusement de manière aiguisée. Chaque murmure qu’il avait provoqué par le vacarme de sa fuite, avait attisé divers curieux. Aucun pour l’aider, bien sûr. Ses humains n’étaient qu’une meute de loup qui se jetterait sur lui à la moindre occasion. Pour l’achever. Ses oreilles s’étaient agitées au son terrifiant des quidams qu’il ne voyait pas. Acculé contre le mur, sa queue s’était hérissée avec nervosité. Depuis sa fuite de son ancien maitre, il n’avait plus été au bord du gouffre comme cela. Sa maitrise de lui-même avait laissé place à la fragilité d’un renard pris dans un collet. Vulnérable, attendant la mort à sa porte. Le prédateur devenu proie. L’agonie était suffisamment lente, malheureusement. Aurait-il préféré en finir rapidement que d’accepter sa fin qui jouait avec lui sournoisement. Sa respiration s’était calmée pour ralentir de manière alarmante, tandis que son flaire avait obtenu le parfum d’un individu qui semblait s’être rapproché d’avantage. Un humain de sexe masculin, c’est absolument tout ce qu’il devina de cet inconnu, venu l’achever potentiellement. Il releva la tête, tendit qu’il ne le voyait pas, ses oreilles s’étant rabattu sur son crâne, ayant l’envie furieuse de lui laisser un souvenir à coup de crocs. S’il s’attendait à recevoir un coup de couteau en pleins cœur, c’est une couverture qui le couvrit entièrement ? Le renard avait tiqué tendit que ses yeux voilés s’écarquillèrent, perdu. Une voix sembla s’adresser à lui, mais il ne saisit pas de quoi il parlait. Il sentit que cet homme tentait de le soulever, d’abord incrédule, mais avec une force nouvelle, le goupil tenta de se redresser pour s’agripper à celui, qui, à première vue, l’aidait. Ses idées étaient bien trop troublées pour oser faire la fine bouche par cette aide inopinée. La voix s’élève à nouveau, agréable et qui avait un étrange gout de miracle. Après un tel coup de pousse de la vie, il pouvait bien faire quelque pas supplémentaire. Il tenta de hocher la tête pour lui confirmer, mais sa gorge se confronta à nouveau au collier étrangleur qui lui coupa aussitôt la respiration, le faisant cracher un peu de sang. L’enlever n’était pourtant pas si compliqué, semblable à ceux que l’on faisait porter à des chiens, il suffisait d’ouvrir le loquet entre ses doigts, mais il n’y arrivait pas et il parvint à grogner de frustration. Pourtant de nouvelles questions défilèrent devant le renard qui avait redressé la tête vers son… « sauveur » ? Voir un humain de cette façon, lui donnait envie de crever tout de suite sur le trottoir. Malgré sa haine profonde pour sa race, il n’allait pas le mordre maintenant. Ce serait creuser sa tombe tout de suite et… s’il pouvait grapiller quelques années de vie supplémentaire, il en serait enchanté… avant que l’inquiétude ne le gagne soudainement. Un humain ne faisait jamais preuve de générosité par humanisme pur ; forcément qu’il attendrait quelque chose en retour. Pire encore, avait-il décidé de lui rendre sa condition d’esclave ? Eden avait poussé un gémissement sourd en s’accrochant au bras de l’homme pour se relever d’avantage et se débattre avec si peu de férocité qu’il manquait surtout de tomber une seconde fois. Mais il resta debout, soutenu, ma foi par l’humain qu’il avait agrippé avec une force démesurée par rapport à son état actuel. Mille questions le hantait, alors même qu’il ignorait ce qu’on allait lui faire, ni où on l’emmènerait. Ni dans quelle cage. Puisque les hybrides attraper, ne ressortait jamais de leur prison. De longues années avait-il fallu, pour qu’enfin il ne trouve le courage de fuir sa misère. Tout ça… pour qu’il la perde par présomption. S’il était probablement grièvement blessé, il poignardait ainsi son égo plus profondément encore en acceptant qu’il ne se sauverait pas lui-même. N’y tenant plus, à bout, vaincu mais ayant ardemment envie de vivre, il se redressa. Acceptant qu'il ne faisait pas le poids, il ne pouvait que s'incliner à présent pour espérer que l'homme soit suffisamment clément pour, au moins lui retirer ce maudit collier qui l'avait maintenu en ville, l'enchainant, une fois de plus aux hommes. Rassemblant ses dernières forces, avec l'énergie d'un espoir infime qui lui permis de mettre sa haine de coté suffisamment longtemps pour faire part de ses prières auquel cas il sombrerait à jamais ici, il souffla avec une sincérité qui ne le ressemblait pas. - L…le…le collier. Par pitié… enlevez-le…moi. Après ça, il ne pouvait qu'accepter de l'accompagner, qu'importait le lieu où il serait retenu captif, il ne pourrait qu'accepter sa sentence après tant d'orgueil. |
Ven 17 Fév - 20:23 |
Tian Meng Date d'inscription : 02/02/2023 Messages : 18 Emploi/Caste : Gérant d'une fumerie d'opium |
l'horreur est une chose humaineun mal larvé dans le cœurLe vacarme de la rue l'enjoint à essayer de faire plus vite, et peut-être moins bien ; le pavé ruisselle de l'eau fraîchement jetée, il peste un peu. La petite employée s'est attardée dans la rue, jetant des regards, souriante quand elle croise les yeux d'un chaland. L'avantage d'être seul à la barre d'une succursale, coupé de la maison mère, c'est que l'on choisit soi-même comment s'entourer – on se contente de peu, en ce bas monde, c'est bien triste (c'est ainsi). La tension dans les jambes de l'autre se renforce, folle espérance d'une survie qui ne tient plus à grand chose, maintenant. La poigne de Tian se raffermit aussi, preuve de bonne foi – parce qu'après tout,ce serait idiot de le lâcher ici, alors même que le plus gros du travail est fait, ou presque. Aux faibles prières du renard, il relève un pan du drap, se fendant d'un regard mauvais : ces gens ont un talent certain de création, et une façon de l'employer bien misérable. – Appuie toi à mon épaule. Il fait preuve d'une certaine précaution, en dépit de l'urgence ; il ne sait pas bien encore ce qu'il peut empirer, en mouvements trop raides et superflus. Le loquet s'ouvre sans un bruit, alors qu'il récupère le collier entre son pouce et son index, brossant le sang du pouce pour mieux examiner la facture de cette chose, comme on le ferait avec un insecte, répugnant. Il lui faudra le brûler, séance tenante – c'est une pièce à conviction, après tout. Le drap retombe à sa place, cachant les chaires violacées à ses yeux sombres. Il fait signe à la petite employée de retourner à l'intérieur ; elle entraîne à sa suite un client, bien nerveux, à son avis d'expert, mais certainement charmé par la gaité de la fille. Lui, il regarde droit devant, toujours. – On va rentrer dans la fumerie, maintenant. Le chemin ne sera pas très long, mais on devra monter quelques marches. Tu t'en sens capable ? Quoique, au fond, qu'il en soit capable ou non n'est pas un choix, mais il faut bien faire la conversation, pour garder l'esprit du blessé assez stimulé pour ne pas sombrer – ce serait bien plus compliqué de s'occuper d'un blessé évanoui. Alors il fait un premier pas, assurant le début de la marche. La porte des employés n'est pas bien loin, grande ouverte pour faciliter l'accès. Bientôt, la fraîcheur du crépuscule laisserait place à l'ambiance alourdie de fumée, à la chaleur des braseros ; aux rires et entrechoquements de verres. |
Sam 18 Fév - 21:58 |
Eden Date d'inscription : 03/02/2023 Messages : 18 |
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Dim 19 Fév - 10:14 |
Tian Meng Date d'inscription : 02/02/2023 Messages : 18 Emploi/Caste : Gérant d'une fumerie d'opium |
l'horreur est une chose humaineun mal larvé dans le cœurLa fumerie a pour Tian cet aspect rassurant ; c’est un terrain conquis, quelque part, le phare de l’apatride. Une profonde inspiration, appréciation tacite d’une chaleur maîtrisée, alors que la porte se referme sur eux. Le couloir n’est pas bien grand, toutes portes closes : il se contente d’avancer, conservant dans son sillage la détermination affaiblie du renard. Bientôt, ils seraient au premier étage, et l’odeur d’opium serait couverte par celles des encens et du papier, d’un fond d’encre et de thé – les quartiers du propriétaire, comme un vaste bureau des affaires. – Tu es dans mon établissement. Une fumerie d’opium. S’embarrasser de détails, comme son nom, n’étant pas dans son intérêt, il n’en révéla pas beaucoup plus. La dernière question resterait en suspens dans l’air tiède, il le somme d’économiser sa salive, pour l’instant. Il faut encore monter quelques marches, fermer quelques portes ; et voilà, le bureau, et ses banquettes en bois sombre – les pas s’accélèrent, devant cette dernière ligne droite : il aide le blessé à s’asseoir sur l’une d’elles, tout enroulé soit-il dans son drap irrémédiablement taché (il devait être jeté, de toute façon). – S’il te sied te t’allonger, fais donc. Tian s’est déjà détourné, faisant tourner un peu son épaule dans un soupir de soulagement. Il pourrait rayer « porter des blessés » de sa liste de qualités, en définitive, et rémunérer un peu plus ses lessiveuses (les pauvres auraient à faire, dans les jours à suivre). De l’eau et des linges avaient été apportés sur ses ordres, avec un petit flacon d’iode ; il se tourne plutôt vers un encensoir, qu’il rallume sans un mot. Les dernières paroles de l’hybride, celles qu’il a ignorées, demeurent fraiches dans son esprit, alors qu’il place une bouilloire sur le brasero. – Ce n’était pas dans mon intérêt de laisser quelqu’un mourir proche de mon commerce. Tu faisais peur aux clients. Appelons cela un acte citoyen, veux-tu ? Reste à savoir de quelle citoyenneté il se réclame, mais c’est un autre sujet. Du reste, il trempe un premier linge dans l’eau froide, pour le lui tendre, l’air de dire débarbouille-toi tout seul. Lui-même rince ses mains dans un baquet, relevant la tête pour observer un peu mieux cet hôte particulier. Un très jeune hybride, mais sans collier – un détail qui l’avantage, dans un sens. Fuir un maître n’est pas comme fuir un marchand, s’il s’agissait bien de cela, l’absence d’or ou de fer promettait une certaine latence, un peu de répit. Sa paume se presse contre son front, quand enfin il s’assoit, pour avoir tout le loisir de constater son élan d’émotivité et de bonnes intentions. – J’aurais du mal à me regarder dans un miroir, si je livrais qui que ce soit à ce royaume. Dis-moi plutôt comment tu t’es retrouvé dans ce piteux état. Trouver un hybride en ville, rossé comme pas deux, et sans collier, ce n’était pas franchement commun, comme histoire. Dans ses souvenirs, tout hybride devait, pour entrer dans cette cité, prouver qu’il était dans son bon droit : alors, comment s’était-il retrouvé là ? et pourquoi ? autant de facteur qui le rendaient enclin à une certaine admiration, bien silencieuse ; cela va de soi. |
Dim 19 Fév - 18:23 |
Eden Date d'inscription : 03/02/2023 Messages : 18 |
L'orgueil est un péché qui coute cherTian & EdenSon salut semblait si proche à présent. Ce fut en tout cas ce qu’il se réconfortait à se dire, toujours incertains quant à ce qu’il deviendrait. A toutes les mercis de ses murs qui ressemblaient à un lieu commun aux multiples odeurs qui irritait son museau fin, il tentait de grapiller la moindre information qui pourrait lui être bénéfique pour plus tard. Cette sensation qui entravait ses mouvements ne l’empêcha pas d’arriver au bout de son tunnel. Ou alors était-ce que l’illusion qu’il serait enfin tranquille ? certainement. Un hybride libre ne connaissait aucun répit et s’était résigné à être traqué à jamais tant qu’il courrait sans entrave. Mais le renard accepterait tous les fardeaux du monde pour conserver ce bonheur jamais éprouvé avant, qu’un esprit exempt de toute forme de contrainte. Toujours sur ses gardes, il inclina sa tête sur le côté. La réponse de l’homme, quant au lieu où il avait échoué ne fit qu’accroitre ses interrogations puisqu’il n’avait pas la moindre fichtre idée de ce qu’était une « fumerie d’Opium ». Mais il devait s’économie pour le moment, alors il haussa les épaules. Enfin, l’autre l’aida à s’asseoir et il s’écroula pratiquement, comme si ses forces le quittèrent au moment même où il comprit être en sécurité. Toujours allongé, il se tourna à demi vers son sauveur pour enfin pouvoir le cerner. Devait-il le remercier ? Non, ce n’était pas dans ses habitudes. Les renards n’étaient pas très bons orateurs quand il s’agissait de faire preuve d’une once de sincérité. Elles sonneraient fausses, comme toutes les paroles d’Eden, qui n’était que façade. Il refusait d’éprouver une quelconque gratitude pour un humain, mais au moins pouvait-il faire preuve d’un semblant de courtoisie et ainsi avoir l’air d’être une agréable compagnie. Peut-être que cela inciterait son hôte à sauver des hybrides dans le besoin, à l’avenir… quelle utopie stupide, ma foi. C’était un hasard s’il l’avait aidé, jamais plus cela n’arrivera. Les humains étaient des créatures conçus pour semer le chao peu importait où ils se trouvaient. Enfin, l’homme répondit à sa seconde interrogation-voilà qui n’était pas trop tot-pour le goupil un peu trop curieux. Eden, à ses dires, ne put s’empêcher de rire légèrement, sentant une douleur fulgurante lui tirailler la poitrine, il continua donc de sourire discrètement, son regard toujours posé sur lui. - Votre intérêt n’était pas non plus de me sauver et vous le savez pertinemment. Vos actes citoyens inclus-t-il d’aider les sans colliers ? J’ignore si vous êtes inconscient ou juste fou. Votre commerce pourrait déjà perdre de son attractivité s’il venait à se savoir que vous avez aidé un hybride-rebelle. A première vue, il aurait été étrange que le renard se montrait si peu reconnaissant de cet acte inespéré, mais la réalité était toute autre. Simplement ne comprenait-il pas qu’un humain se soit permis de tendre la main à l’hybride rejeté qu’il était. Qu’importait les bons actes samaritains ou ses intérêts servis. Lui qui brûlait de haine pour sa race sans scrupule qui ne désirait que de lui faire la peau. L’homme lui tendit alors une serviette froide, le contraignant à se redresser péniblement pour le lui prendre doucement, cette-fois-ci en prenant soin de ne surtout pas l’effleurer. D’ordinaire, casser la proximité avec autrui, n’était pas un problème en soi, mais il était bien trop faible pour se permettre de jouer sur le fil rouge de sa vie une deuxième fois. Certes, il venait d’être sauvé, mais il n’était pas tiré d’affaire pour autant. Il passa la serviette sur son visage, avant d’enlever son manteau qui cachait d’ordinaire si bien ses oreilles sous une capuche, puis se fut le tour de son pull. Torse nu, il put passer la serviette sur la blessure de son dos, en grimaçant face à la douleur aigüe. Le sang avait plus ou moins coagulé mais la balafre n’était pas belle à voir. Elle rejoindrait les nombreuses cicatrices qui striait déjà sa chair pâle, dont seul le visage semblait avoir été épargné. Il prit ensuite soin de caresser sa queue rousse pour s’assurer qu’aucune coupure ne l’avait abimé, soupirant en constatant qu’elle semblait toujours intacte. Seul des traces de sang séché, provenant de ses autres blessures, se mêlant à la couleur de feu qui couvrait son pelage, était visible. Malgré tout, il ne lâchait pas l’inconnu du regard, comme s’il s’attendait à ce qu’il finisse par se jeter sur lui. S’il venait de dire qu’il ne le livrait pas, il n’allait pas le croire sur parole. Les humains changeaient d’avis, comme de chemise, si leurs intérêts venaient à diverger. - Hum… je me suis montré imprudent. Interdire à un renard d’entrer dans le poulailler est un acte parfaitement inutile, si celui-ci a suffisamment faim, il regorgera toujours d'astuce pour s'introduire de l'autre coté de la barrière. Ressortir, par contre… c’est une toute autre histoire. Et la faim justifiait toujours les moyens. Eden n’en dit pas d’avantage, s’encombrer de détail pourrait lui porter préjudice par la suite. Il continua d’appuyer sur sa plaie béante qui rejoignait son flanc en serrant les crocs. Il ne fallut que quelques tapotements pour que la serviette finisse imbiber de sang. Il savait pertinemment qu’il avait perdu beaucoup de sang à son corps qui tremblait légèrement et sa tête qui tournait… il devait continuer de s’occuper l’esprit pour ne surtout pas se laisser happer par le désir de sommeiller. Il ne se réveillerait jamais, sinon, emporter par la mort. Il ferma les yeux pour inspirer profondément, avant de les rouvrir. Prenant la décision de s’intéresser un peu à son sauveur, ce qui l’empêcherait de perdre connaissance… ou de d’avantage avoir à parler de lui. - Et vous, à part sauver des hybrides en détresse, quels sont vos activités ? C’est quoi une… Fourmi d’Opium ? Bonne question. Les humains avaient des activités qui dépassait l’entendement, parfois. En attendant, aucun des deux ne s’était embarrasser de savoir comment l’autre se nommait. Qui s’en souciaient ? Rapidement, Eden, une fois remis sur patte, s’en irait sans plus de cérémonie pour disparaitre à jamais. Il recommencerait ses allés et venues en ville en ayant appris de ses erreurs et en ne se faisant plus prendre en embuscades par ses créatures détestables… Enfin… espérons-le. |
Dim 19 Fév - 21:00 |
Tian Meng Date d'inscription : 02/02/2023 Messages : 18 Emploi/Caste : Gérant d'une fumerie d'opium |
l'horreur est une chose humaineun mal larvé dans le cœurL’aplomb du gamin lui tire un léger sourire, qu’il s’applique à faire disparaître aussi sec – assez d’imprudences, maintenant. Agir impulsivement ne lui réussissait pas, et avec ces quelques minutes de réflexion, il commençait déjà à regretter son élan d’émotivité. Enfin, il n’est fondamentalement pas contre un peu de discussions conflictuelles de temps en temps, mais il faudrait voir à se modérer un peu. Le sifflement de la bouilloire l’arrache à toute forme de pensées assassines – il quitte sa place, tournant le dos à l’hybride, une habitude à la peau dure, dont il réalise la portée sur le champ. Une profonde inspiration, il verse l’eau dans la théière, prenant le parti de ne, finalement, pas faire volte-face. – J’ignorais que tu étais sans collier. Je n’ai vu qu’un petit rouquin, peut-être un client, blessé à la tête, après tout. Il se tait un instant. Le petit couvercle, fine porcelaine, se referme sur la théière – petit bruit clair dans cette discussion pesante. Le plateau à thé dans les mains, il se retourne enfin, darde sur le renard un aigu. L’idée qu’il puisse être un sale petit espion vient de lui traverser l’esprit – mais il ne se juge pas assez important aux yeux de quelconque puissants d’ici pour mériter de se faire envoyer un petit hybride mutilé comme mise à l’épreuve sa loyauté. Et puis, si ce gamin décidait de le vendre, il riposterait aussi sèchement ; à voir quelle parole, d'un hybride fuyard ou d'un étranger, vaudrait le plus (il n'a aucune intention de le découvrir, pour tout dire). – Tu soulèves des points intéressants. Je crois savoir que les gens, ici, aiment à dire que mon peuple est fou. Les quelques affiches de propagande, que l’on placarde très volontiers sur sa porte de temps en temps, par simple mesquinerie, le lui rappellent chaque jour. Il fait mine de réfléchir, les sourcils légèrement froncés ; de quelle absurdité pourrait-il se servir, maintenant ? il doit avoir trouvé, comme son regard se ferre à celui de son interlocuteur, sans sourire. – Mais je ne vois pas en quoi boire du sang de renard en bonne santé, pour rester jeune et agile est étrange, tu sais. C’est tout à fait logique : le sang est l’essence même de la vie, et les renards sont des créatures bien vives, alors, pourquoi pas ? Aucune inflexion dans sa voix ne laisse paraître une quelconque ironie, ni la moindre trace d’une plaisanterie de mauvais goût, alors qu’il revient auprès du blessé, posant ce qu’il tient sur la table basse. Sans mot dire, il lui reprend le linge trempé de sang, méditant un peu sur ce qu’il vient d’apprendre de sa bouche ; un hybride qui a rongé sa chaîne, qu’on ne doit en effet plus rechercher activement (une confirmation salutaire, donc) : un rebelle, qui veut seulement dire « libre ». Rinçant le linge dans le baquet, le regard perdu dans l’eau rougeoyante, l’absurdité de la situation pèse un bref instant sur son moral. Rebelle veut dire libre. Tian n’a écouté que très brièvement son histoire, au fond ; il s’éclaircit la voix, comme trop concentré sur cette histoire de chiffon. – Tu es donc trop stupide pour retrouver la sortie discrètement. Tu ne dois pas être le plus rusé du terrier, finalement. Ce qui voudrait aussi sans doute dire que la sécurité serait renforcée dans le district – une bien mauvaise nouvelle, pour l’un comme pour l’autre. Il se saisit d’un linge sec, et du flacon d’iode, prenant sans ménagement une place sur la banquette investie par le blessé. Il s’affaire à renverser un peu de solution saline sur le tissu, appliqué, comme pour tout ce qu’il fait. Il ne met pas bien longtemps à assimiler l’incompréhension d’Eden, et même si la confusion l’amuse bien, au fond, il garde son expression stoïque. – Si tu n’en as jamais entendu parlé, c’est que tu es trop jeune. Fais voir ton dos. |
Lun 20 Fév - 1:20 |
Eden Date d'inscription : 03/02/2023 Messages : 18 |
L'orgueil est un péché qui coute cherTian & EdenEden continua de toiser lentement l’humain. S’il l’avait légèrement défié du regard, sans crainte, leur contact visuel fut rompu avec le sifflement de la bouilloire, qui le fit dresser les oreilles, alertes. Son interlocuteur lui tourna alors le dos, le confortant dans l’idée même que les humains se pensaient suffisamment supérieur pour oser sans crainte, détacher le regard d’un animal blessé et potentiellement dangereux. Nul doute, que, s’il s’en était senti la motivation, le goupil n’aurait pas tarder à avoir les doigts un peu trop baladeur sur diverses babioles qui aurait pu faire son bonheur. – puisqu’il avait suffisamment planter ses crocs dans la chair infames de ses créatures sans saveur-. Il le fixa, s’activer sur sa bouilloire, y versant l’eau brulante dans la théière. A aucun moment l’homme ne lui fit face et Eden en vint à la conclusion suivante : cet homme était fou et inconscient. Celui-ci finit par briser le silence qui devenait pesant, trouvant sa réponse légèrement peu crédible, puisqu’il avait arboré fièrement ses deux petites oreilles rousses à la vue de tous, et que, s’il avait été domestiqué, il n’aurait pas fini dans un tel état. Mais puisque son aîné s’évertuait à camoufler son acte de bonté aussi étrange, soit-il, Eden n’allait tout de même pas le provoquer au point qu’il ne change d’avis. - Soit. Disons simplement que le hasard fait bien les choses, alors… Pour moi, tout du moins. Parce qu’il fallait le reconnaitre, les humains n’agissaient jamais sans intérêt. Et c’est tout là, son problème, puisqu’il ne visualisait pas, ce que cet homme avait à gagner en lui sauvant la vie. A moins de vouloir lui passer la corde au cou ou de le livrer pour faire son… véritable « acte de citoyen modèle », il ne voyait pas d’autres alternatives à cette situation épineuse, pour lui. Mais finalement, Eden avait en parti raison, puisque l’homme confirma ses dires d’une manière surprenante en soi. Les gens semblaient considérés son peuple comme fou. Vraiment ? Voila qui était fort navrant pour lui, de subir les rumeurs de sa propre race, basé sur quel motif ? Un rien suffirait pour le faire sortir de la norme et être critiqué par jalousie ou par crainte. Plus il connaissait les hommes, plus il les détestait d’avantage. Si leur simple nom venait à le dégouter au plus haut point, il était inconcevable pour lui de s’abaisser à leur niveau. - Si la folie, inclue de venir en aide aux êtres vivants, quel que soit leur race… alors je vous préfère ainsi. Il n’aurait, certes, pas de remerciement de la part de rouquin, mais peut-être apprécierait-il l’intention. En tous les cas, les humains se permettait des jugements moraux, se mêlant aisément à ce qui ne les regardait pas par simple complexe d’infériorité, méchanceté gratuite, jalousie ou peur. Inutile d’ajouter, que les personnes touchées par cette discriminations, violence morale ou physique, n’étaient autre que les gens différents ou en minorité. Ou, dans un cas encore plus improbable… leur femme y passait également. L’homme le fixa, lui balançant une phrase sur lequel il tiqua, incrédule, incapable de savoir, si cet homme stoïque s’essayait à une ironie maladroite où s’il le menaçait silencieusement. Ne parvenant pas à le définir, il préféra ne pas le relever, l’observant déposer ce qu’il tenait entre les mains sur la table. Il le laissa assimiler ses propres paroles, tendit qu’il s’était saisi du linge imbibé de sang, le rinçant au passage. L’homme manqua cependant de le vexer, à ses dires où perçait une insulte qui lui valu une moue froissée. S’il faisait un effort pour tenter de ne pas le considéré sur sa condition d’humain, il osait espérer obtenir une attention réciproque. En tous les cas, il ne savait rien de lui. Mais… était-il seulement étonné d’être ainsi jugé par un homme ? - Pensez-vous vraiment qu’il s’agissait de la première fois, que je m’introduisais en ville ? Peu de renégat peuvent simplement se vanter d’avoir survécu jusque-là, alors… je m’estime futé et chanceux à la fois. Malheureusement, j’ai la fâcheuse tendance à être un peu trop sûr de moi. J’en tirerai une leçon, en tous les cas, c’est bénéfique. Regarder le verre à moitié vide, était aussi inutile, que de maudire intérieurement les humains qui l’avait mis dans cet état. Il appuyé sa joue, contre la paume de sa main, en observant l’homme. Son calme implacable avait le don de le perturber. Était-ce le malaise d’avoir accueilli un hybride ou s’il s’agissait-là, de son caractère habituel… en tous les cas, il n’allait pas se lancer dans une analyse sociologique, qui n’aurait que pour objectif de lui accentuer son mal de crâne. Celui-ci, sans crier gare, s’était assis à coté de lui, en s’activant avec le chiffon pour y renverser quelque chose dessus. La fourrure de sa queue s’était hérissée et ses oreilles bien dressées lui signifiait grandement qu’il se sentait légèrement acculer… mais tant pis, ma foi, s’était pour son bien, non ? Tiquant sur les mots de son ainé, il poussa un profond soupire en grommelant un « stupide humain » à peine audible, pour se tourner et lui laisser le champ libre sur sa balafre. Inquiet d’ainsi devoir se laisser faire, ses membres était tendus, comme s’il était prêt à faire volte-face pour lui trancher la main si nécessaire. - Comment aurais-je pu connaitre ? Je suis un ancien esclave et je vis désormais hors de la ville. Même si j’avais eu quarante ans comme vous, je n’en aurai pas été plus informé. Petite pique lancée, à charge de revanche pour avoir oser lui dire qu’il était « trop jeune » s’il n’en avait pas entendu parler. Quel raisonnement stupide, lorsqu’on savait pertinemment que les hybrides, au final, ne savait pas grand-chose. Sans aucun averssion dans la voix, au contraire d’un petit sourire amusé qui contrastait avec le poids de ses mots, il souffla : - Hm… trop jeune pour me cultiver, mais largement suffisamment pour que l’on abuse de moi ou me violente… les humains sont si contradictoire et choisissent toujours ce qui joue en leur faveur, voilà qui ne m’étonne guère. |
Lun 20 Fév - 13:23 |
Tian Meng Date d'inscription : 02/02/2023 Messages : 18 Emploi/Caste : Gérant d'une fumerie d'opium |
l'horreur est une chose humaineun mal larvé dans le cœurTian ne rétorque pas, sur le jeu du hasard et de la chance, considérant la question dans le recul silencieux de ses réflexions. Personne d’autre ne l’aurait fait, c’est bien la seule pensée qui l’a motivé – et la conviction tue, l’immuable certitude conférée par son éducation. Mais on ne perd jamais rien à agir, d’une façon ou d’une autre ; les actes restent toujours, façonnent les perceptions en dessinant les trajectoires futures. Un vif est toujours plus utile qu’un mort, peu importe pour qui, de toute façon, et même si d’aventures, le gamin ne survit pas à ses blessures, au moins, il n’aura pas été exposé juste devant chez lui. Qui sait ce qui aurait pu se produire – sans doute rien de bon, peut-être tout un tas d’accusations pour le déloger d’ici ; agir pour soi, comme une façon de garder le contrôle sur ce qu’il construit. S’il faut être accusé de quelque chose, autant que les faits soient avérés – mais s’en vient le refrain sur la folie, et il doit admettre, au fond, que le manque de crainte du renard, le laisse circonspect. – Tu m’en vois ravi, une réponse sans un sourire, encore. C’est bien rare, ce genre de considérations – pas tant que cela ait une importance capitale, mais il faut bien admettre que ça lui est agréable, pour une fois, de ne pas être strictement considéré comme un ennemi moral. Ses mains fripées à force de les plonger dans l’eau, ont une teinte rouge clair, qu’il observe un instant, constatant le sang qui sèche, sous ses ongles. Une première grimace, de ceux qui n’ont pas l’habitude d’avoir les mains sales ; il faut faire avec, pourtant, et les longues élucubrations de l’hybride lui tire un haussement de sourcil. – Tu débites, petit. Tu sais, tu n’as rien à me prouver – au fond, cela m’est bien égal. Tu as, comme nous tous, un libre arbitre ; tu l’emploies et l’emploieras comme il te plaira. Tourner le dos, après tout ça, lui apparaît comme une vague confiance, un accord. L’eau salée sur la plaie piquerait, bien sûr, mais c’est un mal nécessaire ; un antiseptique, c’est tout ce qu’il peut proposer, en l’absence de médecins. Tapotant le tissu sur la plaie, l’une des moins profondes, il peine à considérer la pique sous entendue comme telle – avoir l’air plus âgé est un gage de maturité qu’il saurait apprécier à sa juste valeur. Mais la tentative de vexation a un côté presque amusant – il se revoit sermonner ses neveux, soigner leurs écorchures, les débâcles de l’enfance dont il n’avait que les bons côtés. – Ce n’est pas un mal, de ne pas connaître. Je suis certain que beaucoup paieraient très cher pour ignorer ce que c’est, ou refaire une vie sans jamais y avoir touché. Satisfait de son travail sur la plaie dorsale, il replie le tissu, remettant de la solution iodée dans les parties encore sèches – le gros du travail, la plaie à l’abdomen, qui mériterait sans doute quelques sutures (hélas, les hommes comme lui ne cousent pas la soie, encore moins la chaire). Tian remet dans la main du renard la compresse, par égard peut-être, ou parce qu’il considère en avoir assez fait. – Tu peux t’occuper de ta plaie au ventre. Ce sera sans doute mieux, toi mieux que quiconque saura jauger ta propre douleur. Une parole qui s’inscrit dans la suite de la déclaration du roux – un bien triste constat, s’il en est, auquel le marchand de rêves ne peut qu’adhérer, bien que silencieux. Le thé qu’il sert, a des teintes presque violettes, gage de qualité, mais surtout d’une infusion au gout prononcé – il l’a faite selon ses propres goûts, mais en verse une deuxième tasse, un certain malaise comprimant sa poitrine. – L’homme est un loup pour l’homme. C’est ce qu’on m’a toujours dit, chez moi. Aucune morale ne régit son ordre – lui-même en manque, pour ses pairs. Une sorte de désensibilisation, à la faveur d’une stabilité économique qu’il arrache, bon gré, malgré. C’est un loup pour les hommes, lui et son opium, toute sa famille est une meute. Portant entre ses doigts rouges la tasse à ses lèvres, son regard demeure fixe sur le bâton d’encens, dont les cendres tombent, silencieuses – une moquerie. – J’espère que tu es bien entouré, au-delà des murs. Tu auras besoin d’autres soins, d’être un peu surveillé. Et recousu, aussi. Il se tait un instant, gardant la saveur prononcée de l’infusion, réconfort lointain. Son regard se pose sur l’hybride et son cynisme – ce n’est pas si mal, pour un débutant. – Je n’ai pas dit cela, seulement qu’il vaut mieux ignorer certains sujets, quand on n’est pas en âge de les aborder. Ce n’est que mon opinion, bien sûr, alors si tu veux t’évertuer à savoir, fais donc. |
Mar 21 Fév - 17:05 |
Eden Date d'inscription : 03/02/2023 Messages : 18 |
L'orgueil est un péché qui coute cherTian & EdenL’être humain était une bête avide et centrée sur son propre plaisir. C’était pour cela que les hybrides existaient. Comme des chiens enchainés, à l’apparence attrayante des humains, se servant des demi-animaux en comblant chacune de leurs attentes sans broncher. A quoi vivre pouvait-il servir, lorsqu’il n’y avait que la mort pour défaire leur chaine ? Pourquoi était-il parti, pour gouter à cette liberté si éphémère qu’il se voyait contraint d’affronter la ville et ses dangers, chaque jour pour pouvoir s’en sortir ? Comment accepter que, sans cet homme impassible et perturbant, il serait probablement sur le trottoir à se vider de son sang, étouffé par un collier qu’on avait osé lui passer autour du cou ? Ironie du sort que l’un de leur semblable ait quitté les rangs des moutons qui suivait le troupeau sans se plaindre, pour lui donner un second souffle. Il ne gâcherait pas cette chance. Malgré l’insensibilité apparente de son aîné, peut-être que l’inégalité véhiculé par une société dégénérée, l’atteignait un peu plus qu’il ne voulait bien le montrer. Cacher chacune de ses émotions derrière un masque d’indifférence, n’était qu’une manière comme une autre, de se protéger de ce monde sans scrupule. Comme Eden qui camouflait ses véritables intentions, sous des sourires mielleux et des attitudes volontairement innocente et naïve. Chacun se débrouillait comme il pouvait, après tout, personne ne dérogeait à cette simple règle qu’étais la course à la survie. Si cet homme représentait la folie, cependant, elle ne pouvait être que bénéfique pour les créatures aux abois. La folie, c’était aussi savoir se dresser, lorsqu’un acte était en conflit, avec ses propres valeurs et ne pas avoir peur d’être jugé comme différent. Et si, le lui annoncer semblait ravir son hôte, seul ses paroles le lui indiquaient. Froide et sans sourire. Malgré tout, une petite graine était semée, espérait t-on qu’elle soit arrosé et cultivé, pour offrir de l’espoir à d’autre après lui. Une utopie irréalisable… Les hommes ne changeraient jamais. C’était dans leur nature, au fond de leurs entrailles, que se cachait leur démon plus cruel et sanguinaire qu’aucune entité mythique ne pourrait jamais rivaliser. « l’Enfer, c’est les autres ». La sentence irrévocable de la vie en société. Encore fallait-il qu’il soit considéré comme des citoyens et non des bêtes de foire. Alors, entendre de la bouche d’un homme qu’il était comme eux, lui arracha une quinte de toux incontrôlé, tendit que la douleur fulgurante de ses blessures, ne tarda pas à lui rappeler son état. - Je crois que vous vivez dans un monde parallèle au miens. On voit où m’a mené mon soi-disant libre arbitre. Tout cela pour que je dépende à nouveau d’un humain. Profond soupire dépiter, face à cette constatation absolument désolante. Fuir les hommes et courir où bon lui semblait, mais tout ça à quel prix ? La mort s’invitait à sa porte, le surveillant de prêt au moment où il déambulait dans les rues de la ville. Elle avait bien failli récolter une nouvelle âme éternelle s’il n’avait pas été ainsi recueilli. Blesser par la sauvagerie barbare d’humain, sauver in extremis par un autre… Décidément. Mais il pouvait bien s’en plaindre, les faits étaient là et resteraient à jamais inchangé, lui rappelant sa propre faiblesse tendit qu’il sentait sa blessure le bruler terriblement sous l’effet du tissu imbibé dans son dos que l’humain tapotait sur sa chair lacérée. Cette nouvelle souffrance lui arracha un grognement, ne le faisant pas s’agiter pour autant. Les multiples blessures anciennes qui striaient son dos prouvait que ce genre de taillade, n’était, de loin pas la première. Comprenant vraisemblablement qu’il avait vexer son cadet, l’homme s’en fut le rassurer. Les oreilles toujours dressées, le canidé l’écouta songeur, piqué d’une curiosité soudaine. Dans quel genre d’établissement était-il tombé pour que les gens désiraient payer pour oublier ce qu’il consommait ? Il continua de méditer sur ses mots plus qu’étrange aux yeux du rouquin, reprenant la compresse pour pouvoir l’appliquer à son tour sur son ventre. L’homme avait vu juste en la lui rendant, il était absolument hors de questions qu’il s’approche d’aussi prêt de cet endroit ou la chair, plus tendre, pouvait être déchiré avec tant de facilité… Il lui avait bien sauvé la vie, rien ne l’en empêchait de la lui ôter sur un coup de tête. Les hommes agissaient souvent sur des impulsions incompréhensibles. Il grimaça de nouveau, en s’appliquant pour ne pas trembler. - Vous êtes un bien piètre commerçant, alors… l’ignorance est mère de tous les maux. Si les gens sont prêts à payer pour oublier ce qu’ils ont consommés chez vous, je trouve ça horriblement louche. Les humains avaient toujours mille et une idées pour se faire du mal, de toute façon. Et de manière consentante en plus. S’ils étaient à ce point masos, il leur donnait volontiers leur condition d’esclave, tiens. S’ensuivit une citation tristement avéré et pessimiste de la nature cruelle d’une race qui ne s’épargnait même pas lui-même.. - Voilà qui suggère sans conteste, que vous ne pouvez même pas vous fiez à vos semblables sans risquer de finir dévorer. Ici, sacrifier les hybrides, pacifie et rassemble la société, si cela peut vous rassurer. Un brin sarcastique, cependant, tendit qu’il observa la tasse servie avec méfiance. Si, dans un premier temps, il craignit l’empoisonnement, cette idée saugrenue fut rapidement chassée de son esprit, tant elle n’aurait eu aucun sens. Alors il s’en saisit, en humant son parfum dont la chaleur réchaufferait son corps, mais également son cœur. Haussant ses épaules courbaturés, l’observant l’œil brillant, il murmura, son regard se permettant de divaguer de ci, de là, avec sa curiosité insatiable de renard. - Entouré ? pas vraiment. Mais ne vous inquiétez pas pour moi, ça ira. De toute façon, ça ne le regarderait plus. La suite le fit tristement sourire. Quelle utopie d’humain… Des paroles qui ne concernaient certainement pas son espèce. Ils étaient condamnés à naitre sous une mauvaise étoile. La souffrance de leur passage sur terre, faisait partie intégrante du chemin qu’’ils devraient tous parcourir. Une sorte de rite de passage. Après réflexion, il retirait donc ce qu’il avait dit. « Il n’est pas une vérité, qui ne porte avec elle, son amertume ». Par conséquent, tout savoir serait idiot à se rappeler que les gens le plus heureux, étaient forcément les imbéciles. Il ne portait pas le poids du savoir, dont les répercussions pouvaient blesser un être si profondément qu’aucun point de suture ou eau salé pourrait guérir. - Mais vous avez surement raison. Avoua le renard songeur. Certaines choses doivent rester à jamais ignoré… qu’importe l’âge d’ailleurs. Même adulte, j’aurais aimé ne pas me confronter à la réalité dans laquelle nous vivons. Alors, pour une fois qu’on me laisse le choix, je vais vous écouter. J’ai suffisamment de soucis comme cela, pour ne pas m’en créer inutilement de nouveau. |
Mer 22 Fév - 21:58 |
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