Ce jour-là, le ciel était totalement dégagé. Et pour couronner le tout, il faisait chaud. Rien d’insurmontable, mais Ananta détestait toujours autant traîner au soleil. Contrairement à son habitude, elle avait retiré sa cape et son capuchon, elle devait se fondre dans la masse. Laissant apparaître sa longue chevelure, sa peau pâle et ses yeux jaunes, si perçant que l’on pourrait croire qu’ils vous traversent. Sa mission du jour était différente. Pas de meurtres, pas d'infiltration, ni même un rendez-vous dans une ruelle un peu sombre de la ville. Aujourd’hui, elle ferait d’une pierre deux coups.
Quelques minutes auparavant
Ananta descendait une à une les marches de la prison, la lumière s’amenuisait au fil de la descente. A ses côtés, un soldat chargé de l’accompagner. Ce dernier se tourna vers elle :
« Vous avez du cran pour venir le chercher seule. Il est pas commode vous savez. »
Le soldat jeta un rapide coup d’œil à celle qui se tenait à côté de lui. Elle était aussi froide que la glace. Son collier doré brillant dans la pénombre.
« Mais bon, vous faites ce que vous voulez hein. »
Ananta restait impassible. A tel point que l’on pourrait penser qu’elle n’avait même pas écouter. L’humidité de la prison se faisait de plus en plus oppressante. Une fois en bas, elle le vit. Dans un coin de la cellule. Il faisait trop sombre pour le voir correctement.
« Laissez-moi ouvrir, je m’en occupe. »
Le garde se dirigea vers la porte de la cellule de Safuen, prêt à l’ouvrir.
« T’as de la visite le phénomène. Pas de gestes brusques, tu pourrais le regretter. »
Ananta leva une main en direction du garde, comme pour le faire taire. Elle se fendit d'un sourire cordial.
« Je prends le relais Capitaine, nul doute que votre devoir vous attend ailleurs. »
Il semblait surpris.
« Attendez, vous me demandez de partir ? Vous savez qui c’est au moins ? »
« Bien sûr ! Mais un véritable guerrier ne ferait aucun mal à une femme désarmée n’est-ce pas ? »
« Vous êtes bien présomptueuse… »
Non sans un soupir désapprobateur, le garde fit demi-tour, et reparti en sens inverse.
Ananta se tourna vers Safuen, toujours dans sa cellule. Les mains jointes devant elle, son sourire avait disparu aussi vite qu’il était apparu pour faire place à un visage dénué de la moindre expression, qu’elle avait pris l’habitude d’arborer. Son regard perçant toisait l’hybride en face d’elle, ses grands yeux jaunes fixés sur lui. Elle ne portait aucun jugement à son encontre, cherchant simplement à sonder la personne en face d’elle. Il ne lui revenait pas de porter des conclusions. Sa mission était simple. Continuer l’enquête en cours, et s’assurer qu’il arrive chez son nouveau maître.
« Safuen ? Je me nomme Ananta. Heureuse de vous rencontrer enfin. J’ai été envoyée pour vous conduire jusqu’à votre nouveau maître. Voulez-vous bien me suivre, je vous prie ? »